2012-11-11T20:56:00+01:00

Lettre à Moi-dans-dix-ans

Publié par Fraise

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Salut moi,

 

J’ai un peu l’impression d’être schizophrène en commençant cette lettre, mais après tout, on l’est tous un peu. Si je m’écris, c’est parce que j’aurais bien aimé en avoir l’idée il y a 10 ans. Parfois, on change tellement qu’on aimerait renouer avec nos envies d’avant, pour voir si on est toujours sur la même longueur d’onde, moi et moi.

 

 

Je viens de (re)commencer mes études. On est en novembre 2012, et je galère, franchement. Reprendre un rythme d’étudiant, bachoter, mémoriser des définitions, faire une dissertation ou des fiches de lecture… J’avais perdu l’habitude de tout ça. Ca commence à revenir, mais c’est douloureux. Un peu comme reprendre le sport après 5 ans d’inactivité. J’ai des courbatures au cerveau, quoi. Ya des jours où ça me démoralise complètement, et d’autres où j’essaie de voir les progrès par rapport à cet été (j’arrive à bosser 5h d’affilée, alors que cet été, si je faisais 1h30, c’était déjà difficile). Bon, j’ai toujours la sale manie d’attendre le dernier moment pour faire mes devoirs à la maison, et de me motiver par le stress. J’aimerai bien que ça me passe.

 

Je vis à Bollène, avec Antoine. J’aimerai bien pouvoir faire un bond en avant, pour voir où on en est tous les deux. Dans 10 ans, je nous vois mariés, avec deux enfants idéalement un garçon et une fille. Je me vois prof, je le vois père au foyer ou reconverti dans un boulot dans son domaine. Je ne nous vois pas stressés par la vie. Un peu, évidemment, mais j’aimerai qu’on arrive à garder cette harmonie, cet équilibre zen : si ça va pas, on le dit avant que ça dégénère. On parle, quoi ! Nos enfants sont éveillés, équilibrés, eux aussi. On a des relations saines, plus saines que je n’en aurai jamais avec mes parents.

 

J’espère que je suis mieux dans ma peau, moi-dans-dix-ans. Que j’en ai fini avec ces névroses alimentaires, ce manque d’estime personnelle, ces peurs irrationnelles d’abandon, cette colère permanente envers certains membres de ma famille, cette culpabilité latente. Que j’ai su cultiver les graines que je plante depuis mon départ de Toulouse, depuis mon passage à Taizé (si je n’y suis pas retourné depuis, je devrais !), que je suis devenue plus lumineuse, plus confiante en moi-même, plus optimiste, plus positive, plus joyeuse, plus altruiste. Autant de qualités que j’ai eues, que j’ai perdues, que j’essaie de retrouver. J’espère que j’en ai fini avec la dépression, avec la déprime hivernale et la mélancolie. Que je m’autorise des passages à vide et des coups de blues sans culpabiliser, mais que j’arrive sans problème à les dépasser.

 

Bon, mais si je m’écris aujourd’hui, c’est surtout pour me dire que je crois fort en moi, et que si je me casse le cul à bosser comme une galérienne en ce moment, c’est pour moi. Pour que je puisse avoir une vie qui me convienne, être une prof pas comme les autres, à l’écoute de ses élèves, pour leur donner envie de lire, envie d’aimer le français, envie de venir à mes cours, peut-être, tout simplement. Pour en aider quelques-uns, pour éveiller la plupart, pour essayer de leur donner des clés qui leur serviront toujours. Pour les éclairer sur le monde qui les entoure, pour qu’ils puisent dans les lettres un enseignement sur leur vie à eux ! Les écrivains, les poètes, les dramaturges ne font jamais que parler de la vie. Chacun avec les codes de leur époque et de leur genre, mais ils parlent de nous, de nos émotions, de nos questions, de nos expériences. C’est ça, aussi, que je veux transmettre à mes élèves.

 

Alors, ne me déçois pas, Moi-dans-dix-ans. Sois le genre de prof que tu as rêvé d’avoir. Sois la mère que tu as rêvé d’avoir. Sois la femme que tu as rêvé d’être. Je crois en moi. Je m’envoie plein d’amour et de confiance, dans un sens ou dans l’autre des couloirs du temps.

 

« Là où on va, on a pas besoin… de route ! »

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