Ma mère, sa fille, ma peut-être fille...

Ma mère est quelqu'un de très maniaque. Elle aime les cases et les étiquettes, elle aime que tout soit en ordre, et que les gens correspondent à l'image qu'elle se fait d'eux, et à ce qu'elle attend d'eux. Et avec ses 3 enfants, crois-moi, c'est pire que tout.

Ma mère, donc, a décidé que moi, l'aînée brillante aux longues études, je serais carriériste, et que les enfants "très peu pour toi". Que "de toutes façons, même si tu avais un enfant, tu n'en aurai qu'un, et il serait pourri-gâté". Que "jamais tu ne supporterai d'avoir plus d'un enfant parce que tu as trop besoin de temps pour toi" (sous-entendu, je suis égoiste).

Comment lui expliquer que j'envie ces femmes qui se sont arrêtées de travailler après leur 2ème enfant et qui sont épanouies, heureuses ? Ma mère, qui me voit faire une grande carrière, ne peut pas comprendre que j'aspire à ce qu'elle a elle-même été pendant des années : une mère au foyer. Non, elle souhaiterait que je lave ses fautes, que je vive la vie dont elle pense avoir été privée.

Moi, je ne suis pas une acharnée du boulot. Bien sûr, quand je commence quelque chose, je m'y donne à fond, je vais jusqu'au bout, et je réussis. Je sais que je suis douée dans ce que je fais, et suffisamment intelligente pour aller loin. Evidemment que cela me plairait de gagner beaucoup d'argent, et d'être au sommet d'une entreprise. Mais devrais-je pour cela sacrifier une vie douce et paisible, où j'aurai le temps de m'occuper de mes enfants ?

Je n'ai eu, dans ma vie, aussi loin que je remonte dans le temps, qu'un seul moment d'oisiveté. Un petit mois en décembre 2009, entre 2 CDD. Que j'ai passé à ranger ma maison, faire les tâches ménagères trop longtemps délaissées, à prendre du temps pour moi, à me pomponner, faire les courses, etc.

Que j'aimerai retrouver ces jours paisibles, où j'avais le temps de vivre !

Bien sûr, avec un enfant, ce serait différent.

Bien sûr que j'ai une vision romancée des choses.

Bien sûr que le bout de chou me réveillera à 5h en pleurant, et que je serai crevée.

Bien sûr que je n'aurai plus un moment à moi entre les couches, le biberon et la sieste.

Mais quand même.

C'est ce dont j'ai envie.

Et malgré l'avis de ma mère, si je peux le faire, je le ferais.